Retour vers la page d'accueil du siteCOURRIER OFFICIEL DE SEGOLENE ROYAL à aglaé en Août 1997

le courrier d'aglaé

 

Ministère de l'Education Nationale,
de la recherche et de la technologie

Ministre déléguée
chargée de l'enseignement scolaire                                   le 19 Août 1997

 Monsieur le Président,

En réponse à votre lettre appelant mon attention sur la création de votre association AGLAE, il m'apparaît utile de vous rappeler qu'il n'y a jamais eu de confusion dans l'esprit du gouvernement entre homosexualité et pédophilie.

Je prends acte de votre condamnation sans arnbiguïté des abus sexuels sur les enfants et ne peux qu'approuver votre fermeté à l'égard de vos collègues qui profitent de leur position d'enseignant pour se livrer à des actes incompatibles avec la mission éducative.

La condamnation de toute discrimination, notamment en raison de l'orientation sexuelle, est un des fondements essentiels de l'Etat de droit. Je veillerai au respect de ce principe au sein de 1' Education nationale.

Enfin, il est clair que l'éducation à la sexualité doit participer à l'apprentissage par l'adolescent de la maîtrise de son corps et que l'ensemble des enseignements doit concourir à faire reculer  l'intolérance et les discriminations de toutes sortes.

Je vous prie de croire, Monsieur le Président, en l'assurance de mes sentiments les meilleurs.

 Ségolène ROYAL

Monsieur Philippe CLAUZARD
Président d'AGLAE c/o Centre Gay et Lesbien 3, rue Keller 75011 Paris



Ce courrier faisait suite à L'APPEL DU 21 JUIN 1997 D'AGLAE,  communiqué de presse (association aglae, à l'origine de Homo Edu...)

AGLAE la nouvelle Amicale Gay et Lesbienne Autonome des Enseignants vous informe du courrier adressé à Madame Ségolène ROYAL, Ministre chargée de l'enseignement scolaire, avec copies adressées aux syndicats d'enseignants suivants:F.E.N, F.S.U., S.N.U.I.P.P., S.N.E.S.  En voici les principaux passages:

Nous tenons par ce courrier, à porter à votre connaissance notre existence, et à préciser certains points sur lesquels nous souhaiterions que vous vous engagiez, ainsi que le gouvernement auquel vous appartenez, à la veille du grand défilé européen de la "fierté gaie et lesbienne" du 28 Juin 1997, et après les derniers événements largement rapportés dans la presse, et la circulaire diffusée par votre prédécesseur , Monsieur Bayrou.  AGLAE précise:

1- Qu'il convient de ne pas confondre homosexualité déclarée ou pressentie et pédophilie. L'homosexualité est une orientation amoureuse pour une personne de même sexe. La pédophilie,que nous autres, enseignant,e,s homosexuel,le,s condamnons sévèrement, est une agression sexuelle qui viole l'enfant , la loi , et la Convention des Droits de l'Enfant. Les abus sexuels avérés commis par des collègues, profitant de leurs positions, sont des actes incompatibles avec notre mission éducative.

2- Un,e enseignant,e homosexuel,le est avant tout un éducateur,trice spécialiste dans un domaine du savoir et de savoir-vivre et une pratique pédagogique qui n'a pas à faire, cela s'entend, de prosélytisme. Il mérite autant de respect, de sécurité et d'égalité que tous ses autres collègues dont l'orientation sexuelle est autre. Il participe à la formation des élèves et à une éducation citoyenne et républicaine en veillant à défendre une société plurielle, démocratique et respectueuse des différences.

3- L'actualité montre l'urgence d'une réflexion et d'une mise en oeuvre de nouveaux programmes d'éducation sexuelle dès le plus jeune âge. L'association AGLAE constate, comme la F.S.U., que les seuls modèles proposés aux jeunes sont soit liés à la reproduction, soit en relation avec le Sida et le danger de mort. Aujourd'hui, aucune place n'est faite pour les relations affectives, de plaisirs et d'amour entre les êtres. Nous souhaitons l'élaboration d'un programme d'éducation sexuelle selon les différentes classes d'âge, et possibilités cognitives des élèves. Informer un enfant sur la sexualité, ce qui fait plaisir, ce qui lui provoque déplaisir et aversion, c'est le protéger contre les agressions sexuelles ( pédophilie et inceste) ; c'est aussi pour l'adolescent le meilleur moyen pour aborder une sexualité responsable : contraception, MST, Sida ; et permettre un meilleur épanouissement lorsque apparaît chez certains une sexualité différente. Evoquer dès le collège la sexualité comme plurielle ( hétérosexualité, homosexualité, bisexualité) , c'est aider des jeunes filles et des jeunes garçons, dont une image d'eux- mêmes dévalorisante peut provoquer échec scolaire, exclusion, dépression, ou tentative de suicide. Des parents de jeunes homosexuels témoignent, et dénoncent même que l'école n'a préparé, ni les parents, ni leurs enfants à vivre la différence...

AGLAE défend l'idée que la censure, la méconnaissance, la vision unique et normative des personnes est contraire à l'idée de l'enseignement. Enseigner, n'est-ce point lutter contre l'ignorance ? Notre démarche est profondément citoyenne et humaniste. Nous sommes persuadés que votre ministère saura mesurer la nécessité de nos propositions. Madame le Ministre, nous vous demandons toute votre vigilance pour condamner la délation possible des enseignants aussi bien homosexuels qu'hétérosexuels, victimes d'accusations infondées, et éviter la confusion malheureuse entre homosexualité et pédophilie.

Pour l'équipe d'AGLAE, Philippe Clauzard, président.

LES RÉACTIONS SYNDICALES:

Denis PAGET Secrétaire Général Adjoint du SNES (Syndicat National des Enseignements du Second degré)

à M. Philippe CLAUZARD

AGLAE c/o Centre Gai et Lesbien                              Paris, le 16juillet 1997

Cher Collègue,

Nous avons pris bonne note de l'existence de votre association et des objectifs et points de vue qu'elle se fixe. Nous partageons ce que vous dites sur l'esprit qui devrait présider au développement de l'éducation sexuelle à l'Ecole. Nous souscrivons aussi totalement à la distinction que les affaires en cours vous obligent à formuler entre pédophilie et homosexualité. Nous ne voudrions pas que les affaires de pédophilie qu'il faut prendre très au sérieux et qui requièrent la plus grande fermeté, amènent à un retour de l'ordre moral qui en profiterait pour écarter toutes les diversités existant dans notre profession.

Bien cordialement.        Denis PAGET    Secrétaire général adjoint

SNES 1 rue de Courty 75341 Paris Cedex 07

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FÉDÉRATION DE L'ÉDUCATION NATIONALE

Paris, le 3 octobre 1997

Monsieur Philippe CLAUZARD

Président d'AGLAE, c/oCentre Gay et Lesbien  3, rue Keller  75011 PARIS

Monsieur,

Notre Secrétaire Général, Jean-Paul ROUX, m'a transmis votre lettre du 10 septembre 1997.

Je veux tout de suite vous dire que - à ma connaissance - votre courrier du 21juin ne nous est jamais parvenu. Nous y aurions répondu très favorablement, puisque la FEN et ses Syndicats Nationaux ont toujours tenu à se battre contre toutes discriminations qu'elles soient basées sur la race, la religion, le sexe ou les orientations sexuelles.

La FEN a, l'an dernier, travaillé avec ActUP à une plate-forme revendicative pour l'éducation à la sexualité, au corps et à la santé qu'elle a présenté - avec un succès mitigé - à M. Bayrou.

En restant à votre disposition et en espérant que le contre temps de juin 1997, ne nous empêchera pas d'avoir des contacts fructueux, je vous prie d'agréer, Monsieur, l'expression de mes sentiments les meilleurs.

Jean-Pierre RULIE

FEN- 48 RUE LA BRUYÈRE 75440 PARIS CEDEX 09- http://www.fen.fr

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Paris, le 3 octobre 1997

Sophie ZAFARI Secteur Droits et Libertés du SNUIPP (Syndicat national Unitaire des Instituteurs, Professeurs des écoles)

128 bd Auguste Blanqui 75013 Paris

Philippe CLAUZARD Secrétaire général d'AGLAE C/O Centre Gay/Lesbien

Cher ami,

Les « reproches» que vous nous adressez dans votre dernier courrier sont... justifiés. En effet, nous avions bien reçu votre envoi précédent, ainsi que le communiqué de presse et l'invitation à l'Euro-salon de l'homosexualité. J'avais en charge de vous répondre et de participer au débat. Au dernier moment, cela ne m'a pas été possible. J'espère que vous ne nous tiendrez pas rigueur de ce "ratage" qui ne devrait pas se reproduire. D'autant que vos préoccupations sont les nôtres. Si vous le souhaitez, nous pouvons nous rencontrer prochainement, afin que vous nous informiez de votre action, et envisager d'éventuelles collaborations. Cordialement.     S. ZAFARI