C'est d'abord une violence d'un genre particulier, une violence morale commise par un agresseur sur la victime qu'il s'est choisie. Dans «le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien », le docteur Marie-France HIRIGOYEN en donne la définition suivante: «toute conduite abusive qui se manifeste notamment par des comportements, des paroles, des actes, des gestes, des écrits pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l'intégrité physique ou psychique d'une personne...
Ce peut être n'importe qui : un collègue, un supérieur hiérarchique, un subordonné, un élève, ou plus fréquemment encore pour ce qui nous concerne, des parents d'élèves.
Les techniques du harcèlement moral sont assez subtiles, sophistiquées et requièrent beaucoup de temps dans leur application. C'est surtout le fait -disons-le- de personnes qui disposent de nombreux loisirs.
Dans l'ouvrage précité, l'auteur énumère les moyens utilisés par l'agresseur: refuser la communication directe, disqualifier, discréditer la victime, l'isoler, la briser, la pousser à la faute par d'incessantes provocations,etc.
Les techniques utilisées par l'agresseur montrent assez sa perversité, ses discours comme ses écrits montrent qu'il a une très haute opinion de sa personne et a besoin de se valoriser aux yeux des autres. Ses propos sont en général assez éloignés de la réalité : les mensonges ne le gênent pas puisqu'ils servent son projet. Pour lui, le monde est simple : d'abord il y a lui, puis tous les autres qu'il méprise. S'il n'est pas tout à fait privé de son bon sens, il est totalement dépourvu de scrupules, de sens moral. Ils sont d'une robuste simplicité : démolir, anéantir sa ou ses victimes pour prouver aux autres comme à lui-même qu'il est le plus fort, le plus habile, en un mot : le meilleur.
Pour la victime les conséquences sont toujours très graves elles sont précisément décrites dans l'étude du Docteur HORENSTEIN. Il est toutefois possible d'éviter d'en arriver là. Il faut savoir reconnaître l'agresseur et ses techniques. L'aspect répétitif des insinuations, des paroles aigres-douces, des airs méprisants est un premier indice. le besoin de se mettre en avant à tout propos et hors de propos en est un second. L' agressivité à peine déguisée en est un autre.
Il est vain d'espérer désarmer l'agresseur par la gentillesse et la conciliation. Il a un projet et il s'y tient. Lui tenir tête ouvertement ne fait qu'aggraver et précipiter les choses. A l'opposé, la pire réponse serait le silence et le repli sur soi. C'est pourquoi il est bon d'attirer l'attention des collègues sur le caractère répétitif de comportements d'apparence anodine. Il est également souhaitable de noter les faits et les circonstances, de conserver les écrits, de recueillir les témoignages. Il est enfin recommandé de saisir l'Autonome de Solidarité dès que les faits confirment bien le harcèlement. Une souffrance partagée devient tout de suite plus supportable.
Les faits, même s'ils confirment une situation de harcèlement moral, ne donnent qu exceptionnellement la possibilité de poursuites judiciaires. Une lettre comminatoire d'avocatl permet le plus souvent de mettre fin à ces situations douloureuses. Elles permettent surtout de faire comprendre que la victime n'est pas isolée, quil est possible d'ester en justice...
Les pratiques du harcèlement en milieu
éducatif, publié sous la direction du Dr Horenstein, collection
MGEN, 1998
Le harcèlement moral, la violence perverse
au quotidien, Marie-France Hirigoyen, éditions Syros, 1998