DOSSIER d'Aglae :
Dossier: SEREZ-VOUS IN ou OUT
à
l'école?
l'histoire:Dans
une petite bourgade de l'Indiana, Kevin Kline incarne un prof à
la vie tranquille à la veille de son mariage. Un soir, il voit cependant
sa vie boulversée lorsque est retransmise à la télé
la Cérémonie des Oscars. Un ancien élève (Matt
Dillon) remercie publiquement son ancien prof si brillant, qui l'a si brillamment
instruit et inspiré... et qui est gay!
Consternation générale.
Suspicion et diverses interrogations. Médiatisation de l'affaire.
Si l'homosexualité est un thème cinématographique
à la mode, le réalisateur Franz Oz nous plonge, non pas dans
les milieux branchés urbains mais en pleine amérique profonde
avec un quidam (notre prof Kline) qui découvre son orientation sexuelle
en même temps que le spectateur. Le cinéaste opte
alors pour la légèreté, le comique et la fantaisie
fuyant ainsi le simple pamphlet social. Pourtant ce film aurait pu dénoncer
avec davantage de force la situation des profs gays américains qui
se voient renvoyés parce qu'ils ont avoué leur homosexualité.
Ce film a néanmoins le mérite d'explorer les stéréotypes
et les idées toutes faites que les gens se font sur les gais et
les lesbiennes, il nous confronte à nos propres croyances et préjugés
sur les questions de genre et d'orientation sexuelle. Avec ruse et humour,
ce film explore ce que nous partageons ensemble comme lieux communs, et
nous dit comment petites sont les différences. Voyons la scène
de "re-masculanisation" de Kevin Kline. Il est présenté
les vrais discriminations et préjugés auxquels les homosexuels
peuvent être confrontés au travail, dans la vie quotidienne,
dans sa petite ville.
point de vue (sur le film):
Nous autre, enseignants homos
savons que contrairement à "In et Out", les profs gays ou lesbiennes
doivent se censurer, réprimander leur façon d'être,
contrôler leurs propos et attitudes, et surtout dissimuler leur orientation
sexuelle. Ce film peut-il permettre de diffuser le message que les profs
homos peuvent être aussi de précieux modèles
pour la jeunesse ( homo et hétéro), pour la population en
apprenant l'importance de la diversité; sachant que cette dernière
peut apporter beaucoup à la communauté dans laquelle ils
vivent... N'est-il pas aussi une leçon sur le respect que méritent
des personnes aux sensibilités autres... Malheureusement, nous doutons
de l'impact réel que ce film puisse avoir sur le grand public. Si
la burlesque fin du film est amusante et prête encore à sourire
en sortant du cinéma ( ce coming-out généralisé,
du type "aimons-nous tous dans un monde de tolérance"), elle ne
peut vraisemblablement plonger dans un abîme de réflexions
le spectateur; celles qu'aurait dû creuser davantage le film (sans
perdre de sa verve pétillante), c'est-à-dire la notion de
genre et d'orientation sexuelle, la révélation à soi
et aux autres de son homosexualité, la situation et les implications
d'un prof homo dans un établissement scolaire, le statut de l'homosexualité
dans les programmes scolaires. Ce film ne sera donc pas le levier d'une
possible prise de conscience du grand public, ni d'une identification des
profs gays ou lesbiennes à ces questionnements hautement politiques.
Mais, n'est-ce point un début? Le cinéma a osé mettre
en scène les tribulations d'un prof gay ( qui n'est pas pédophile,
ouf!), ça , c'est nouveau...
Réponse de Lambda Éducation:
<<Est-il souhaitable qu’un enseignant s’affiche en tant qu’homosexuel
?
Il serait bienvenu que les enseignant-e-s gays et lesbiennes s'assument,
afin de briser le cercle vicieux de l'homophobie qui nuit aux jeunes, mais
qui leur nuit aussi à eux enseignants. Afin de donner des modèles
vivants de ce que peut être une personne homosexuelle. Il n'est pas
aisé de briser les tabous, et le milieu scolaire et parental est
plutôt hostile. Si les enseignant-e-s homosexuel-le-s ne risquent
rien en théorie en faisant leur coming out (Art. 8 Cst.), il n'en
va pas de même en pratique. Du moins ce sont les préjugés
qui prévalent. En fin de compte, que "risque"-t-on vraiment si ce
n'est être soi-même? La visibilité reste le seul et
le meilleur moyen de légitimation de cette forme d'amour. Chacun
est seul responsable pour tous.>>
RÉPONSE DE MICHEL FOUCAULT:
"Les professeurs qui, pendant des siècles, ont enseigné
aux enfants combien l'homosexualité était intolérable
et qui ont purgé les manuels de littérature, falsifié
l'histoire afin d'en exclure ce type de sexualité, ont causé
plus de ravages que le professeur qui parle d'homosexualité et ne
peut faire d'autre mal qu'expliquer une réalité donnée,
une expérience vécue."
Michel Foucault, une citation extraite des pages web de Lambda Education,
j'y vais
REPONSE DE DAVID HALPERIN:
paru dans "Saint-Foucault".
Fier de son coming-out qui agita un temps son université, David
Halperin se rendit compte des effets néfastes de celui-ci sur ses
recherches universitaires. S'il gagna le respect, voire la sympathie
de ses collègues, il lui apparût que ses travaux furent compris
par le monde universitaire au travers du seul prisme de son homosexualité
. N'affirmait-il pas cela ou bien ne théorisait-il pas cela car
il était gay ? Son affect n'influe t-il pas ses recherches? David
Halperin écrit dans son ouvrage récemment traduit en France:
" J'avais pensé que le coming out permettait précisement
d'ôter aux autres leur point de vue privilégié sur
moi et ma sexualité; le coming out m'avait semblé être
le moyen d'en retirer aux autres l'initiative et de récupérer
à mon compte le droit et la possibilité d'interpréter
le sens de mes paroles et de mes actions. Hélas, je découvris
à mes dépens que, dès lors que vous êtes connu
comme homosexuel, cette visibilité même, loin de vous préserver
du ragot venimeux, vous expose au contraire au pouvoir des autres, et notamment
à leur pouvoir de dire n 'importe quoi à votre propos, avec
l'assurance, d'ailleurs justifiée, qu' ils seront crus sur parole
(et, puisqu'on ne peut à peu près rien faire contre cela,
il est inutile d'essayer de se faire bien voir en adoptant un «bon
comportement»)." (page 29) David Halperin écrit plus loin
(page 45):" Qu' est-ce que le placard (la dissimulation de sa propre
homosexualité), sinon le produit de relations complexes de pouvoir?
La seule raison d'être dans le placard, c'est qu'on veut se
protéger contre les formes, innombrables et violentes, de disqualification
qu'on aurait à subir si son identité sexuelle discréditable
était plus largement connue. Rester dans le placard, cacher
son homosexualité, c'est aussi se soumettre à l'impératif
social imposé aux gays par les non gays, et qui consiste pour ces
derniers à se protéger non pas tant de la connaissance de
l'homosexualité de quelqu'un, mais plutôt de la nécessité
de reconnaître la connaissance de l'homosexualité de quelqu'un.
Il n'est donc pas possible de considérer le placard comme un espace
de liberté (même s'il offre à ses occupants des possibilités
qui seraient impensables autrement et leur donne accès à
certains des privilèges qui sont réservés à
ceux qui se définissent comme hétérosexuels). A l'inverse,
s'il y a dans le fait de sortir du placard (to come out of the closet)
quelque chose d'une affirmation de soi, quelque chose de libérateur;
ce n'est pas parce que ce geste ferait passer d'un état de
servitude à un état de liberté totale. Au contraire:
sortir du placard, c'est précisément s'exposer à d'autres
dangers et à d'autres contraintes, car c'est faire de soi-même
une sorte d'écran sur lequel les hétérosexuels peuvent
commodément projeter tous leurs fantasmes à propos des gays.
C'est donc devoir supporter que chacun de vos gestes, chacune de vos paroles,
de vos opinions, seront entièrement et irrévocablement marqués
par les significations sociales accolées à l'identité
homosexuelle dès lors qu'elle est affirmée au grand jour.
Si sortir du placard est bien le geste par lequel on se délivre
soi-même d'un état de non liberté, ce n'est pas parce
que cela permettrait d'échapper à l'emprise du pouvoir pour
s'installer dans un lieu extérieur à celui-ci. Mais c'est
plutôt parce que cela définit un nouvel état des relations
de pouvoir et transforme la dynamique des luttes personnelles et politiques.
Sortir du placard est un acte de liberté, non pas dans le sens d'une
libération, mais dans le sens d'une résistance."--David Halperin,
Saint-Foucault, Editions EPEL.
Notons avant toute chose que le
coming-out est avant tout une décision personnelle. On ne peut sortir
du placard par coup de tête, sans réfléchir à
son environnement scolaire immédiat, aux sensibilités de
nos collègues, aux personnes ressources possibles dans l'établissement
(en cas de difficulté et de médiation nécessaire),
à l'époque de l'année scolaire. Il est impératif
de réfléchir à la manière de faire son coming-out.
Peut-on un matin annoncer: "bonjour, je suis gay, je vis avec un homme,
maintenant reprenons notre réunion pédagogique"? Ou laisser
un collègue expliquer en son absence: "et bien vous avez votre juif,
votre beur, maintenant vous avez votre homo, et il est pacsé!"
Bousculer, manquer de tact, agresser sans s'en rendre compte, ou laisser
à autrui la possibilité d'une explication qui se veut dédramatisante
voire humoristique mais non personnelle... sont autant d'écueils
à éviter. Une vraie réflexion est à mener avant
tout coming-out en milieu éducatif.
Sortir du placard est une des décisions les plus difficiles
que l'on puisse jamais avoir à prendre ou à subir.
Le faire sur son lieu de travail est doublement plus difficile qu'en
milieu familial, car il y va de son avenir et de sa crédibilité
professionnelle avec aucun ancrage d'ordre affectif comme dans le cadre
familial favorable en général au dialogue.
Lorsque ce lieu de travail est une école, les facteurs de complication
tendent même parfois à l'infini. Néanmoins, nous pouvons
définir quelques "recettes" simples à garder à l'esprit
si vous pensez faire votre "coming-out" dans votre établissement
d'enseignement (qu'il s'agisse de formation initiale ou professionnelle).
Nos propositions sont les suivantes:
1. Ne pas trop personnaliser la question:
Avant de sortir du placard, vous devez réfléchir avec
attention sur vos motivations. Il vous faut être au clair dans votre
esprit: comment votre révélation fera de vous un enseignant
plus efficace, plus serein et améliorera le climat , les relations
humaines dans votre "école". Serez-vous mieux dans "votre peau "
de prof gay ou lesbienne et quel impact , cela aura t-il sur vos enseignements,
votre profession? Comment cela améliorera aussi le climat scolaire
avec vos élèves/ étudiants (selon naturellement leur
âge, les enjeux sont différents entre des élèves
de 10 ans, 15 ou 19, 20 ans...) si vous comptez aussi le leur révéler...
2-Se préparer soigneusement aux
diverses réactions possibles:
Vous devez vous préparer aux réactions de vos collègues,
savoir répondre aux arguments homophobes ou hétérosexistes
qui vous seront opposés. Certains vous reprocherons sans aucun doute
de déballer votre " vie personnelle" sur le lieu du travail. Vous
devrez vous préparer à démontrer que ce que vous faites
est ce que font continuellement vos collègues hétérosexuels
en discutant de leur vie de famille (femme et enfants, vacances, shopping,
spectacles...), en faisant observer que l'alliance au doigt est le signe
pour tous (y compris les élèves) du mariage, d'une vie hétérosexuelle;
bref qu'ils présentent aussi leur vie privée, leurs sentiments,
leur affectivité liée par évidence à leur orientation
sexuelle au vu et au su de tous... Or, aucune discrimination ne tient,
d'autant si vous êtes pacsé, donc dans une situation complètement
légale et socialement reconnue, validée par l'administration
de l'éducation nationale ( le Pacs entre des personnes de même
sexe est désormais pris en compte, par exemple, pour la mutation,
le rapprochement de conjoint...) Vous devez aussi préciser que vous
ne vous préoccupez pas seulement de vous même mais aussi de
vos étudiants, et de ce qu'ils peuvent en retirer. Ne vous laissez
pas enfermer dans des discours homophobes présupposant de votre
part un désir ostentatoire pour promotionner l'homosexualité,
faisant obstacles au droit fondamental de dire la vérité,
d'être soi-même vis-à-vis de tous...
3. Utiliser la Rhétorique scolaire
pour expliquer votre décision:
Chaque école a une mission de service public d'éducation,
une fonction de transmission de valeurs choisie par la Société
dont l'éducation à la tolérance devant toutes les
différences individuelles. Par ailleurs, chacun emploie des expressions
à la mode qui véhicule ses valeurs.
Vous devez passer soigneusement en revue les discours institutionnels
et personnels afin de mieux comprendre comment la décision
de votre révélation les touche; et dès lors comment
reprendre ces valeurs à votre compte pour expliquer votre décision.
Enrobez vos explications, utiliser leurs références et leur
système de pensée, parlez avec leur langage pour vous expliquer.
Ils ne peuvent pas attaquer leurs propres valeurs! Précisez que
votre décision est éducative et persévérer
dans cette ligne de raisonnement, peu importe quelles questions secondaires
ils peuvent essayer d'opposer. Si vous ne pouvez pas défendre que
ce que vous faites est de nature éducative,vous ne pourrez pas prouver
que votre démarche de coming-out est valable. Vous devez vous approprier
impérativement un discours qui mette en avant des valeurs éducatives
humanistes dépassant votre seule petite personne et besoin de reconnaissance
dans votre profession, complètement respectable et souhaitable ceci-dit.
4. Construire des alliances au sein de
votre établissement, quel que soit l'accueil réservé
à votre "coming-out" (car celui-ci en cas de problème ou
opposition purement professionnelle avec des collègues pourrait
devenir votre "talon d'achille" et réduire vos positions pédagogiques
aussi justes soient-elles...)
Il est important d'avoir des collègues qui comprennent votre
raisonnement et sont préparés pour vous soutenir si les choses
deviennent difficiles. La meilleure façon de développer des
alliés, c'est de les impliquer au début de votre réflexion,
de les investir dans le choix de votre décision: faire ou pas son
coming-out?
Vos alliés peuvent jouer un rôle essentiel : aide et soutien
personnel, défense et valorisation des questions gaies / lesbienne
pour que cela ne devienne pas seulement votre affaire, mais un sujet éducatif
abordé à bon escient dans de nombreuses disciplines s'y prêtant.
Avoir des alliés, c'est aussi s'assurer que l'on ne personnalise
pas trop la question homosexuelle, que l'on ne cristallise pas le
sujet autour de vous. Vos alliés vous apporteront une aide inestimable
sur le plan de votre santé mentale: dans l'écoute de vos
difficultés, la mesure des réactions dans votre environnement
professionnel, le dialogue pour trouver d'éventuelles solutions
si des problèmes s'opposent à vous, et surtout en empêchant
l'isolement professionnel.
Il est utile d'avoir quelques alliés à l'extérieur
de votre école aussi. D'autres enseignants gais / lesbiennes
peuvent être des personnes ressources essentielles, d'autant si elles
ont déjà réussi leur coming-out professionnel.
Vous avez aussi besoin d'une place pour "évacuer" votre nouveau
stress, afin que vous ne le fassiez pas dans le bureau du directeur
d'établissement. Faites-le avec des amis ou des alliés. Les
collègues d'autres écoles peuvent être des oreilles
attentives. Restez en contact avec eux régulièrement.
5. Documentez-vous, si vous
êtes amené à rencontrer un supérieur, suite
à votre révélation:
Chaque rencontre avec un administrateur doit être documentée,
en plus de vos notes personnelles qui doivent exhaustivement passer en
revue tout ce qui peut vous arriver.
Pensez dans une lettre de confirmation à votre chef d'établissement
à le remercier pour la réunion quels que soient les
résultats que vous obtiendrez. Soyez diplomate, et ferme grâce
à une documentation précise sur vos droits.
Assurez vous une communication claire et que soit consigné
par écrit l'objet de votre rencontre et
l'accord trouvé avec votre supérieur hiérarchique.
Car si une solution favorable vous est offerte, en cas de mobilité
de vos supérieurs ou de vous-même , il importe que l'on ne
revienne plus sur ce qui fût décidé. C'est ainsi favoriser
l'honnêteté et la continuité dans votre établissement
scolaire.
Les documents qui peuvent être nécessaires pour défendre
votre coming-out sont les suivants:
-le courrier de Ségolène Royal, ex-ministre déléguée
à l'enseignement scolaire, j'y vais
-les courriers de soutien des syndicats d'enseignants adressé
à l'asso Aglaé, génitrice de Homoedu Collectif,
j'y
vais
-les textes relatifs au droit du travail,
j'y vais
-les textes relatifs à la non-discrimination des employés
homosexuels, j'y vais.
N'oubliez pas de communiquez vos difficultés, les copies de vos rapports et courriers à vos syndicats habituels, et par courriel à HomoEdu collectif.
Pour conclure: si ces premiers pas vers son
"coming out" en milieu scolaire semblent assez simples, surtout, ne vous
précipitez pas. Construisez soigneusement votre révélation,
parlez en autour de vous. Servez-vous de nos quelques petites idées,
faites-nous connaître votre vécu de coming-out, et vos remarques
pour étoffer nos conseils précédents. Internet, c'est
l'interactivité!
Sachez enfin qu'il existe des coming-out heureux
(même si nos pages de témoignages de profs gais et lesbiennes
ne sont guère "roses") Un livre sur des profs homos reconnus, également
heureux dans leur métier et vie sentimentale est à écrire...
pour se donner du courage. Que vos craintes ne l'emportent pas sur vos
désirs d'être soi-même. Les remords sont souvent ce
qu'il y a de pire. Sachez cependant, que nous, profs homos, ne condamnerons
pas votre refus de coming-out en milieu éducatif... Nous savons
les enjeux, et les épreuves. Et nous ne pouvons pas vous garantir
le résultat de votre coming-out, même si vous suivez à
la lettre nos petits conseils.
Trouvez votre équilibre. N'hésitez
pas à nous écrire ou
téléphoner
DROITS , les faire valoir
Connaissez vos droits. Avant que vous n'ayez des problèmes trop
graves, recherchez quelles sont vos protections légales devant le
harcèlement ou la discrimination à cause de votre orientation
sexuelle.
Votre contrat en secteur privé ou votre statut de fonctionnaire
n' interdit-il pas la discrimination basée sur l'orientation sexuelle
?Avez-vous les textes ? Procurez-vous les auprès des syndicats,
de votre administration ou d'associations homosexuelles. Jusqu'en quelle
mesure êtes-vous protégés par ces lois? Pouvez-vous
prouver le harcèlement moral ou la discrimination subie ( témoignages
de collègues, traces écrites...)? Prenez un rendez-vous auprès
de la personne qui vous attaque et demandez lui des explications. Faites
vous toujours accompagné par un allier à vous, exigez le.
Sinon saisissez votre syndicat au nom de l'équité. Existe
t-il des textes, des discours, des pratiques au sein de votre établissement
scolaire incluant une politique (pour les profs comme les élèves
) de non-discrimination (racisme, sexisme...) qui inclut l'orientation
sexuelle (explicitement ou implicitement...) ? Si oui, cela servira votre
argumentaire.
Avez-vous été témoin avec d'autres de discours
de "haine" à l'encontre des différences individuelles de
la part d'un des dirigeants de la communauté éducative?
RESSOURCES, en vue d'obtenir un arrangement:
Recherchez quelles ressources disponibles vous avez si vous croyez
que vous êtes discriminé ou harcelé à cause
de votre orientation sexuelle.
Sur quels collègues et parents pouvez-vous compter pour appuyer
votre défense? Comment demander une aide, lancer un réseau
de soutien via l'école, la famille, les amis... Sur qui de proche
pouvez-vous réellement compter?
Quel genre d'appui avez-vous auprès des syndicats et associations
d'enseignants, auprès des associations homosexuelles de lutte contre
l'homophobie, reconnue par les pouvoirs publics français? Contactez-les.
Quel gai ou lesbienne d'une organisation légale ( voire
un avocat) peut vous accompagner dans votre démarche de réhabilitation?
( Centres Gai et Lesbien, SOS Homophobie, Médiateur de la
République,etc)
Quels profs gais ou lesbiennes et organisations d'éducateurs
homos peuvent fournir l'appui et l'information nécessaires? ( Centre
Gay et Lesbien, Collectif HomoEdu, SOS Homophobie,etc)
RESPONSABILITÉS, à mettre
dans votre "dossier de défense" que vous vous constituez
Soyez clair concernant vos responsabilités afin de maintenir
votre bonne réputation professionnelle.
Reprenez tous les rapports, toutes les évaluations formelles
de votre enseignement , tous les documents valorisants l'exercice de votre
métier.
Collectionnez tous les remerciements , les lettres d'appréciation
de parents, des collègues, des administrateurs, des étudiants
qui vous sont favorables.
Glissez dans votre "dossier défense" les rapports sur votre
participation aux conférences professionnelles et d'autres activités
de développement professionnels.
Prouvez que vous entretenez des relations cordiales, voire amicales
mais professionnelles avec des étudiants ou des collègues.
Effectuez toutes vos responsabilités professionnelles aussi
bien que vous pouvez.
Entretenez de bons rapports de travail avec les administrateurs, les
collègues, les étudiants et les parents, même au coeur
de la "tourmente". Demeurez aimable et cordial même avec ceux qui
s'oppose à vous. Mettez toutes les chances de votre côté.
Ne répondez pas à des provocations, la réponse à
votre discrimination sera INSTITUTIONNELLE, non pas des règlements
de compte entre deux couloirs...
RÉSOLUTION, tenez bon, pas de crainte...
Croyez en votre bon droit. Croyez en votre bon droit d'enseigner. Croyez
en votre bon droit d'être aussi ouvert au sujet de votre orientation
sexuelle que vos collègues hétérosexuels le sont.Ni
honte, ni dérobade sur ce que vous êtes, vous ne méritez.
Ne permettez pas à d'autres de compter sur votre silence et crainte
pour "étouffer" les problèmes et discriminations. Méfiez
vous des soutiens pervers qui n'ont d'autres buts que de vous enfermer
dans une logique de silence et de marginalisation, isolement.
Apprenez à comprendre et changer ce que vous avez intériorisé
comme sentiments négatifs sur votre homosexualité, chassez
toute tentation d'autodépréciation . Vous êtes gai
ou lesbienne, bisexuel,le: dites vous que méritez mieux que votre
situation discriminatoire!
Apprenez à différencier des situations dans lesquelles
votre propre crainte est un obstacle de plus dans des situations qui sont
authentiquement risquées.
Attendez-vous à ce que des alliés hétérosexuels
soient publiquement contre l'homophobie, mais pas nécessairement
en accord avec votre visibilité personnelle dans leur établissement
scolaire.Cela les dérangeant.
Parlez de lutte contre l' homophobie dans votre école, avec
votre équipe, ou dans votre salle de classe.
Demandez que tous les enseignants, tous les éducateurs et administrateurs
reçoivent une formation anti-homophobe.Voyez
le programme proposé par notre partenaire Lambda Education, section
atelier.
Vérifiez que la bibliothèque possède un bon matériel
de référence pour des adultes et des étudiants au
sujet des questions homosexuelles.Faites votre coming-out chaque fois que
vous le pouvez, le silence ne vous protégera pas et peut être
aussi employé contre vous.
Si on vous harcèle ou discrimine à cause de votre orientation
sexuelle, brandissez vos droits. Si vous n'avez fait rien de mal,
n'acceptez pas de traitement injuste. Le traité européen
d'Amsterdam de 1997 est également censé vous protéger.
Le harcèlement, c' est d'abord une violence d'un genre particulier. une violence morale commise par un agresseur sur la victime qu'il s'est choisie. Dans «le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien », le docteur Marie-France HIRIGOYEN en donne la définition suivante: «toute conduite abusive qui se manifeste notamment par des comportements, des paroles, des actes, des gestes, des écrits pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l'intégnté physique ou psychique d'une personne... Ce peut être n'importe qui : un collègue, un supérieur hiérarchique, un subordonné, un élève, ou plus fréquemment encore pour ce qui nous concerne, des parents d'élèves. Les techniques du harcèlement moral sont assez subtiles, sophistiquées et requièrent beaucoup de temps dans leur application. C'est surtout le fait -disons-le- de personnes qui disposent de nombreux loisirs.
Dans l'ouvrage précité, l'auteur énumère les moyens utilisés par l'agresseur refuser la communication directe, la disqualifier, discréditer la victime, l'isoler, la briser, la pousser à la faute par d'incessantes provocations, etc...
Les techniques utilisées par l'agresseur montrent assez sa perversité, ses discours comme ses écrits montrent qu'il a une très haute opinion de sa personne et a besoin de se valoriser aux yeux des autres. Ses propos sont en général assez éloignés de la réalité : les mensonges ne le gênent pas puisqu'ils servent son projet. Pour lui, le monde est simple : d'abord il y a lui, puis tous les autres qu'il méprise. S'il n'est pas tout à fait privé de son bon sens, il est totalement dépourvu de scrupules, de sens moral. Ils sont d'une robuste simplicité démolir, anéantir sa ou ses victimes pour prouver aux autres comme à lui-même qu'il est le plus fort, le plus habile, en un mot : le meilleur. Pour la victime les conséquences sont toujours très graves elles sont précisément décrites dans l'étude du Docteur HORENSTEIN. Il est toutefois possible d'éviter d'en arriver là. Il faut savoir reconnaître l'agresseur et ses techniques. L'aspect répétitif des insinuations, des paroles aigres-douces, des airs méprisants est un premier indice. le besoin de se mettre en avant à tout propos et hors de propos en est un second. L'agressivité à peine déguisée en est un autre.
Il est vain d'espérer désarmer l'agresseur par la gentillesse et la conciliation. Il a un projet et il s'y tient. Lui tenir tête ouvertement ne fait qu'aggraver et précipiter les choses. A l'opposé, la pire réponse serait le silence et le repli sur soi. C'est pourquoi il est bon d'attirer l'attention des collègues sur le caractère répétitif de comportements d'apparence anodine. Il est également souhaitable de noter les faits et les circonstances, de conserver les écrits, de recueillir les témoignages. Il est enfin recommandé de saisir l'Autonome de Solidarité, un cabinet d'avocat spécialisé, un avocat dès que les faits confirment bien le harcèlement. Une souffrance partagée devient tout de suite plus supportable.
Les faits, même s'ils confirment une
situation de harcèlement moral, ne donnent qu'exceptionnellement
la possibilité de poursuites judiciaires. Une lettre comminatoire
de
l' avocat permet le plus souvent de
mettre fin à ces situations douloureuses...
CONSEIL DE LECTURE: "Le harcèlement
moral" de Marie-France Hirigoyen
aux éditions Pocket
(Marie-France Hirigoyen est psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute
familial et victimologue)
--Le harcèlement moral, la violence
perverse au quotidien, Marie-France Hirigoyen, éditions Syros, 1998
Les pratiques du harcèlement en milieu éducatif, publié
sous la direction du Dr Horenstein, collection
MGEN, 1998
Je me décide enfin à vous écrire, après
avoir croisé votre nom trop souvent... je dis trop car c'est la
preuve d'une angoisse trop présente en moi. J'ai 23 ans, je suis
gay depuis toujours, sorti du placard depuis 5 ans auprès de ma
famille, de mes amis, et de quelques stagiaires de l'IUFM. Tout se passe
bien, vraiment !
Le problème vient de l'avenir, de mes incertitudes en ce
qu'il me réserve. Car j'ai réellement peur, aujourd'hui,
de voir débouler dans ma classe la suspicion de parents d'élèves
dont je sais quelle force et quelle influence ils peuvent avoir en collectif.
Je n'ai qu'une crainte en fait: être assimilé à un
pédophile, moi qui travaille avec les enfants. Même si encore
célibataire, je ne veux pas non plus vivre caché. Je suis
homo, assumé, et je revendique le droit à la vie normale.
Alors comment faire? vaut-il mieux vivre terré en attendant le jour
où on saura. Vaut-il mieux tout révéler, quitte à
créer le scandale de l'année ou du siècle s'il s'agit
d'un petit village ?
Quelles réponses pouvez-vous me donner?
Bonjour, merci pour l'intérêt
porté à Homoedu... et désolé pour cette réponse
un peu tardive.
Il est très difficile de conseiller
avec "une formule en kit", chaque cas est particulier. Cela dépend
de votre environnement familial, de l'école et des collègues,
de l'environnement professionnel et de vous: votre confiance, votre force
personnelle... Vous avez raison de vous assumer dans votre environnement
personnel, c'est une vraie force et le soutien de vos proches que vous
avez ainsi acquis. Par contre un "coming-out" en milieu professionnel n'est
jamais une mince affaire, d'autant qu'il serait régulièrement
à refaire chaque année si vous changez régulièrement
d'école, et il ne paraît pas vraiment indiqué de dire
à chaque rentrée scolaire: "bonjour je m'appelle un tel et
je suis gay!" Ca peut étonner et puis vous n'êtes pas seulement
gay, votre personnalité est aussi constitutive de mille autre choses
que vos collègues découvriront. Dire je suis gay à
l'école nécessite d'avoir des "alliés" , des personnes
qui puissent agir , vous aider si cette révélation pose des
problèmes. Le dire à ses collègues vaut autant que
de partager des repas en entendant vos collègues féminines
parler de leur week-end avec leur mari ou les petits tracas que leur posent
leur gamin. Vous avez le droit de parler, vous aussi, du dernier film que
vous êtes allé voir avec... votre petit ami.
Par contre, votre sexualité ne regarde
pas les parents d'élèves, vous ne vous interessez pas à
la leur; et eux mêmes vivent peut-être des pratiques sexuelles
proche de la votre (nous avons des témoignages!) ... et cela ne
vous regarde pas non plus!
Quoiqu'il advienne, il est essentiel de bien
faire comprendre (et même sans vous "révéler") que
L'HOMOSEXUALITE N'EST PAS LA PEDOPHILIE, QU'ETRE GAY N'EST PAS ETRE PEDOPHILE!!
On a pas le droit de vous assimiler à un pédophile parce
que vous êtes gay, cela serait de la calomnie et vous pourriez vous
défendre par voie de justice. Vraiment, je vous en prie, ne vous
inquiétez pas, soyez vous même ( avec toutefois un style et
une tenue discrète: par exemple évitez les piercings, les
rainbow flag ou les très grosses boucles d'oreilles voyantes afin
de ne pas inquiéter les parents). Ce qui compte pour les parents
d'élèves, ce sera votre capacité à bien gérer
la classe, à bien transmettre des connaissances aux enfants, à
établir une relation de confiance avec eux. Si vos élèves
sont satisfaits et heureux de venir en classe, il n'y a pas de doute que
les parents seront reconnaissants de votre travail. Et puis pensez au PACS
qui a légalisé les couples homosexuels, et les couples d'enseignants
homosexuels, qui peuvent désormais muter ensemble. Au fait, accuse
t-on le nouveau maire de Paris Bertrand Delanoé d'être un
pédophile? Pédé ou gay: oui, capable de remporter
un victoire électorale: absolument, pédophile: non. Les personnages
publics comme lui qui ont révélé leur homosexualité
offrent des possibilités d'identification très positives...
Bon courage. A+ (tenez nous au courant)
Philippe/HomoEdu
A SUIVRE....