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   DOSSIER d'Aglae :

    Dossier: SEREZ-VOUS IN ou OUT
à l'école?


Avec la rentrée 2000, serez-vous in ou out ?Non pas qu'on vous enjoigne d'effectuer votre coming out dans votre établissement. Quoique... Nous savons que la vie d'un prof gay ou lesbienne n'est pas toujours aussi rose qu'on la souhaiterait; pour preuve les témoignages que nous avons retranscris; mais une "sortie du placard" peut se faire en filigrane... Ou à grand pas. Sur cette page, vous trouverez l'histoire d'un film illustrant ce propos, des petits conseils pratiques  pour faire un "coming-out" réussi en milieu scolaire, des avis, et quelques précisions pour remédier à des situations de discrimination ou harcèlement moral.
Faire ou pas son "coming-out" à l'école, that is the question!

sommaire:
-in & out, une film, une histoire de prof gay
ETRE OUT ou IN CETTE ANNÉE SCOLAIRE?
(faire ou ne pas faire son coming out, that is the question !! ?)
-comment faire son "coming-out" en milieu éducatif
-QUATRE REGLES POUR ÉDUCATEURS GAIS, LESBIENNES,  ET BISEXUEL-LE-S: DROITS, RESSOURCES, RESPONSABILITÉS, RÉSOLUTION
-AU SUJET DU HARCELEMENT EN MILIEU SCOLAIRE:
-ressources humaines
-One teacher in ten à lire (en anglais), une vie de prof homo en France
-en résumé, témoignage dernière minute

IN & OUT, une histoire de prof gay ( à méditer...)

l'histoire:Dans une petite bourgade de l'Indiana, Kevin Kline incarne un prof à la vie tranquille à la veille de son mariage. Un soir, il voit cependant sa vie boulversée lorsque est retransmise à la télé la Cérémonie des Oscars. Un ancien élève (Matt Dillon) remercie publiquement son ancien prof si brillant, qui l'a si brillamment instruit et inspiré... et qui est gay!
Consternation générale. Suspicion et diverses interrogations. Médiatisation de l'affaire. Si l'homosexualité est un thème cinématographique à la mode, le réalisateur Franz Oz nous plonge, non pas dans les milieux branchés urbains mais en pleine amérique profonde avec un quidam (notre prof Kline) qui découvre son orientation sexuelle en même temps que le spectateur.  Le  cinéaste opte alors pour la légèreté, le comique et la fantaisie fuyant ainsi le simple pamphlet social. Pourtant ce film aurait pu dénoncer avec davantage de force la situation des profs gays américains qui se voient renvoyés parce qu'ils ont avoué leur homosexualité. Ce film a  néanmoins le mérite d'explorer les stéréotypes et les idées toutes faites que les gens se font sur les gais et les lesbiennes, il nous confronte à nos propres croyances et préjugés sur les questions de genre et d'orientation sexuelle. Avec ruse et humour, ce film explore ce que nous partageons ensemble comme lieux communs, et nous dit comment petites sont les différences. Voyons la scène de  "re-masculanisation" de Kevin Kline. Il est présenté les vrais discriminations et préjugés auxquels les homosexuels peuvent être confrontés au travail, dans la vie quotidienne, dans sa petite ville.

point de vue (sur le film):
Nous autre, enseignants homos savons que contrairement à "In et Out", les profs gays ou lesbiennes doivent se censurer, réprimander leur façon d'être, contrôler leurs propos et attitudes, et surtout dissimuler leur orientation sexuelle. Ce film peut-il permettre de diffuser le message que les profs homos  peuvent être aussi de précieux modèles pour la jeunesse ( homo et hétéro), pour la population en apprenant l'importance de la diversité; sachant que cette dernière peut apporter beaucoup à la communauté dans laquelle ils vivent... N'est-il pas aussi une leçon sur le respect que méritent des personnes aux sensibilités autres... Malheureusement, nous doutons de l'impact réel que ce film puisse avoir sur le grand public. Si la burlesque fin du film est amusante et prête encore à sourire en sortant du cinéma ( ce coming-out généralisé, du type "aimons-nous tous dans un monde de tolérance"), elle ne peut vraisemblablement plonger dans un abîme de réflexions  le spectateur; celles qu'aurait dû creuser davantage le film (sans perdre de sa verve pétillante), c'est-à-dire la notion de genre et d'orientation sexuelle, la révélation à soi et aux autres de son homosexualité, la situation et les implications d'un prof homo dans un établissement scolaire, le statut de l'homosexualité dans les programmes scolaires. Ce film ne sera donc pas le levier d'une possible prise de conscience du grand public, ni d'une identification des profs gays ou lesbiennes à ces questionnements hautement politiques. Mais, n'est-ce point un début? Le cinéma a osé mettre en scène les tribulations d'un prof gay ( qui n'est pas pédophile, ouf!), ça , c'est nouveau...
 
 



ETRE OUT ou IN CETTE ANNÉE SCOLAIRE?
Nous n'avons pas de mot d'ordre. La décision de faire ou pas son coming-out est trop personnelle. Elle met en jeu: vous et votre force mentale, vos valeurs professionnelles, vos réseaux de soutien amical ou familial. Après votre coming-out, il est certain que vous ne serez plus perçu de la même façon par votre entourage professionnel et privé. Quelles qu'en soient les répercutions, ne plus dissimuler ce que l'on est, libère. Une énergie nouvelle est disponible grâce à la liberté qu'on s'est autorisé à utiliser. C'est avant tout une question d'autorisation. S'autoriser à braver une tendance à l'autodépréciation de soi et son homosexualité. S'autoriser à être ce que l'on est sans faux fuyant. S'autoriser à braver les bonnes consciences et les coutumes. S'autoriser à affirmer que l'hétérocentrisme de votre milieu professionnel est relatif ( peut-être n'êtes vous pas seul? n'y a t-il pas toujours un autre prof homo proche de son estrade et de son tableau?). Bref, il s'agit de s'autoriser à une liberté d'être retrouvée. Cela n'est possible que lorsque soi même et notre environnement sont prêts. Confiance, assurance, paix et sérénité des lieux. Mais avant toute chose, il semble nécessaire de se confier à quelques personnes choisies pour leurs qualités humaines (phase n°1), ces collègues qui vous paraissent pas comme les autres et réagiront bien lorsque les mots seront dits. Ces collègues deviendront vos meilleurs alliés lorsque vous passerez éventuellement à la phase 2: révéler son homosexualité à l'ensemble du personnel éducatif. Cela veut-il dire "conférence de presse"? Certes pas , mais des dialogues croisés, des banalités sur votre vie quotidienne, votre dimanche passé avec votre amour de même sexe, eh oui vous l'avez dit, vous chinez tous les dimanches matins avec votre petit ami, votre petite amie... j'aime les hommes/ j'aime les filles. Cela peut sembler simple, une fois l'aveu (quel horrible mot!) passé. Tout reste à consolider avec la phase 3: assumer ce que l'on est dans les discussions, les gestes, les regards. Oui, est-il facile d'évoquer votre "voyage de pacs" aussi naturellement que les fiançailles de la jeune collègue qui vient d'être nommée? Ainsi le coming-out n'est pas une phase, mais plutôt le déclencheur d'une nouvelle démarche continue d'affirmation de soi, de son homosexualité. Du courage sera exigé, et à renouveler autant que nécessaire... Philippe.

Réponse de Lambda Éducation:
<<Est-il souhaitable qu’un enseignant s’affiche en tant qu’homosexuel ?
Il serait bienvenu que les enseignant-e-s gays et lesbiennes s'assument, afin de briser le cercle vicieux de l'homophobie qui nuit aux jeunes, mais qui leur nuit aussi à eux enseignants. Afin de donner des modèles vivants de ce que peut être une personne homosexuelle. Il n'est pas aisé de briser les tabous, et le milieu scolaire et parental est plutôt hostile. Si les enseignant-e-s homosexuel-le-s ne risquent rien en théorie en faisant leur coming out (Art. 8 Cst.), il n'en va pas de même en pratique. Du moins ce sont les préjugés qui prévalent. En fin de compte, que "risque"-t-on vraiment si ce n'est être soi-même? La visibilité reste le seul et le meilleur moyen de légitimation de cette forme d'amour. Chacun est seul responsable pour tous.>>

RÉPONSE DE MICHEL FOUCAULT:
 "Les professeurs qui, pendant des siècles, ont enseigné aux enfants combien l'homosexualité était intolérable et qui ont purgé les manuels de littérature, falsifié l'histoire afin d'en exclure ce type de sexualité, ont causé plus de ravages que le professeur qui parle d'homosexualité et ne peut faire d'autre mal qu'expliquer une réalité donnée, une expérience vécue."
Michel Foucault, une citation extraite des pages web de Lambda Education, j'y vais

REPONSE DE DAVID HALPERIN:
paru dans "Saint-Foucault".
Fier de son coming-out qui agita un temps son université, David Halperin se rendit compte des effets néfastes de celui-ci sur ses recherches universitaires. S'il  gagna le respect, voire la sympathie de ses collègues, il lui apparût que ses travaux furent compris par le monde universitaire au travers du seul prisme de son homosexualité . N'affirmait-il pas cela ou bien ne théorisait-il pas cela car il était gay ? Son affect n'influe t-il pas ses recherches? David Halperin écrit dans son ouvrage récemment traduit en France:
" J'avais pensé que le coming out permettait précisement d'ôter aux autres leur point de vue privilégié sur moi et ma sexualité; le coming out m'avait semblé être le moyen d'en retirer aux autres l'initiative et de récupérer à mon compte le droit et la possibilité d'interpréter le sens de mes paroles et de mes actions. Hélas, je découvris à mes dépens que, dès lors que vous êtes connu comme homosexuel, cette visibilité même, loin de vous préserver du ragot venimeux, vous expose au contraire au pouvoir des autres, et notamment à leur pouvoir de dire n 'importe quoi à votre propos, avec l'assurance, d'ailleurs justifiée, qu' ils seront crus sur parole (et, puisqu'on ne peut à peu près rien faire contre cela, il est inutile d'essayer de se faire bien voir en adoptant un «bon comportement»)." (page 29) David Halperin écrit plus loin (page 45):" Qu' est-ce que le placard (la dissimulation de sa  propre homosexualité), sinon le produit de relations complexes de pouvoir? La seule raison d'être dans le placard, c'est qu'on  veut se protéger contre les formes, innombrables et violentes, de disqualification qu'on aurait à subir si son identité sexuelle discréditable était plus largement connue. Rester dans le placard,  cacher son homosexualité, c'est aussi se soumettre à l'impératif social imposé aux gays par les non gays, et qui consiste pour ces derniers à se protéger non pas tant de la connaissance de
l'homosexualité de quelqu'un, mais plutôt de la nécessité de reconnaître la connaissance de l'homosexualité de quelqu'un. Il n'est donc pas possible de considérer le placard comme un espace de liberté (même s'il offre à ses occupants des possibilités qui seraient impensables autrement et leur donne accès à certains des privilèges qui sont réservés à ceux qui se définissent comme hétérosexuels). A l'inverse, s'il y a dans le fait de sortir du placard (to come out of the closet) quelque chose d'une affirmation de soi, quelque chose de libérateur; ce n'est pas parce que ce geste  ferait passer d'un état de servitude à un état de liberté totale. Au contraire: sortir du placard, c'est précisément s'exposer à d'autres dangers et à d'autres contraintes, car c'est faire de soi-même une sorte d'écran sur lequel les hétérosexuels peuvent commodément projeter tous leurs fantasmes à propos des gays. C'est donc devoir supporter que chacun de vos gestes, chacune de vos paroles, de vos opinions, seront entièrement et irrévocablement marqués par les significations sociales accolées à l'identité homosexuelle dès lors qu'elle est affirmée au grand jour. Si sortir du placard est bien le geste par lequel on se délivre soi-même d'un état de non liberté, ce n'est pas parce que cela permettrait d'échapper à l'emprise du pouvoir pour s'installer dans un lieu extérieur à celui-ci. Mais c'est plutôt parce que cela définit un nouvel état des relations de pouvoir et transforme la dynamique des luttes personnelles et politiques. Sortir du placard est un acte de liberté, non pas dans le sens d'une libération, mais dans le sens d'une résistance."--David Halperin, Saint-Foucault, Editions EPEL.



COMMENT FAIRE SON "COMING OUT " dans son école, ou comment sortir du placard en toute sérénité, sans développer quelques heurts chez les collègues...
(Suggestions pour les éducateurs -profs, cpe, documentalistes, formateurs...) Gais  et  Lesbiennes.

Notons avant toute chose que le coming-out est avant tout une décision personnelle. On ne peut sortir du placard par coup de tête, sans réfléchir à son environnement scolaire immédiat, aux sensibilités de nos collègues, aux personnes ressources possibles dans l'établissement (en cas de difficulté et de médiation nécessaire), à l'époque de l'année scolaire. Il est impératif de réfléchir à la manière de faire son coming-out. Peut-on un matin annoncer: "bonjour, je suis gay, je vis avec un homme, maintenant reprenons notre réunion pédagogique"? Ou laisser un collègue expliquer en son absence: "et bien vous avez votre juif, votre beur, maintenant vous avez votre homo, et il est pacsé!"
Bousculer, manquer de tact, agresser sans s'en rendre compte, ou laisser à autrui la possibilité d'une explication qui se veut dédramatisante voire humoristique mais non personnelle... sont autant d'écueils à éviter. Une vraie réflexion est à mener avant tout coming-out en milieu éducatif.
Sortir du placard  est une des décisions les plus difficiles que l'on puisse  jamais avoir à prendre ou à subir.
Le faire sur son lieu de travail est doublement plus difficile qu'en milieu familial, car il y va de son avenir et de sa crédibilité professionnelle avec aucun ancrage d'ordre affectif comme dans le cadre familial favorable en général au dialogue.
Lorsque ce lieu de travail est une école, les facteurs de complication tendent même parfois à l'infini. Néanmoins, nous pouvons définir quelques "recettes" simples à garder à l'esprit si vous pensez faire votre "coming-out" dans votre établissement d'enseignement (qu'il s'agisse de formation initiale ou professionnelle).
Nos propositions sont les suivantes:

1. Ne pas trop personnaliser la question:
Avant de sortir du placard, vous devez réfléchir avec attention sur vos motivations. Il vous faut être au clair dans votre esprit: comment votre révélation fera de vous un enseignant plus efficace, plus serein et améliorera  le climat , les relations humaines dans votre "école". Serez-vous mieux dans "votre peau " de prof gay ou lesbienne et quel impact , cela aura t-il sur vos enseignements, votre profession? Comment cela améliorera aussi le climat scolaire avec vos élèves/ étudiants (selon naturellement leur âge, les enjeux sont différents entre des élèves de 10 ans, 15 ou 19, 20 ans...) si vous comptez aussi le leur révéler...
2-Se préparer soigneusement aux diverses réactions possibles:
Vous devez vous préparer aux réactions de vos collègues, savoir répondre aux arguments homophobes ou hétérosexistes qui vous seront opposés. Certains vous reprocherons sans aucun doute de déballer votre " vie personnelle" sur le lieu du travail. Vous devrez vous préparer à démontrer que ce que vous faites est ce que font continuellement vos collègues hétérosexuels en discutant de leur vie de famille (femme et enfants, vacances, shopping, spectacles...), en faisant observer que l'alliance au doigt est le signe pour tous (y compris les élèves) du mariage, d'une vie hétérosexuelle; bref qu'ils présentent aussi leur vie privée, leurs sentiments, leur affectivité liée par évidence à leur orientation sexuelle au vu et au su de tous... Or, aucune discrimination ne tient, d'autant si vous êtes pacsé, donc dans une situation complètement légale et socialement reconnue, validée par l'administration de l'éducation nationale ( le Pacs entre des personnes de même sexe est désormais pris en compte, par exemple, pour la mutation, le rapprochement de conjoint...) Vous devez aussi préciser que vous ne vous préoccupez pas seulement de vous même mais aussi de vos étudiants, et de ce qu'ils peuvent en retirer. Ne vous laissez pas enfermer dans des discours homophobes présupposant de votre part un désir ostentatoire pour promotionner l'homosexualité, faisant obstacles au droit fondamental de dire la vérité, d'être soi-même vis-à-vis de tous...
3. Utiliser la Rhétorique scolaire pour expliquer votre décision:
Chaque école a une mission  de service public d'éducation, une fonction de transmission de valeurs choisie par la Société dont l'éducation à la tolérance devant toutes les différences individuelles. Par ailleurs, chacun emploie des expressions à la mode qui véhicule ses valeurs.
Vous devez passer soigneusement en revue les discours institutionnels et personnels afin de mieux  comprendre comment la décision de votre révélation les touche; et dès lors comment reprendre ces valeurs à votre compte pour expliquer votre décision. Enrobez vos explications, utiliser leurs références et leur système de pensée, parlez avec leur langage pour vous expliquer. Ils ne peuvent pas attaquer leurs propres valeurs! Précisez que votre décision est éducative et persévérer dans cette ligne de raisonnement, peu importe quelles questions secondaires ils peuvent essayer d'opposer. Si vous ne pouvez pas défendre que ce que vous faites est de nature éducative,vous ne pourrez pas prouver que votre démarche de coming-out est valable. Vous devez vous approprier impérativement un discours qui mette en avant des valeurs éducatives humanistes dépassant votre seule petite personne et besoin de reconnaissance dans votre profession, complètement respectable et souhaitable ceci-dit.
4. Construire des alliances au sein de votre établissement, quel que soit l'accueil réservé à votre "coming-out" (car celui-ci en cas de problème ou opposition purement professionnelle avec des collègues pourrait devenir votre "talon d'achille" et réduire vos positions pédagogiques aussi justes soient-elles...)
Il est important d'avoir des collègues qui comprennent votre raisonnement et sont préparés pour vous soutenir si les choses deviennent difficiles. La meilleure façon de développer des alliés, c'est de les impliquer au début de votre réflexion, de les investir dans le choix de votre décision: faire ou pas son coming-out?
Vos alliés peuvent jouer un rôle essentiel : aide et soutien personnel, défense et valorisation des questions gaies / lesbienne pour que cela ne devienne pas seulement votre affaire, mais un sujet éducatif abordé à bon escient dans de nombreuses disciplines s'y prêtant.
Avoir des alliés, c'est aussi s'assurer que l'on ne  personnalise pas trop la question homosexuelle, que l'on ne cristallise pas  le sujet autour de vous. Vos alliés vous apporteront une aide inestimable sur le plan de votre santé mentale: dans l'écoute de vos difficultés, la mesure des réactions dans votre environnement professionnel, le dialogue pour trouver d'éventuelles solutions si des problèmes s'opposent à vous, et surtout en empêchant l'isolement professionnel.
Il est utile d'avoir quelques alliés à l'extérieur de votre école aussi. D'autres enseignants gais / lesbiennes  peuvent être des personnes ressources essentielles, d'autant si elles ont déjà réussi leur coming-out professionnel.
Vous avez aussi besoin d'une place pour "évacuer" votre nouveau stress, afin que vous ne le fassiez pas dans le bureau du directeur d'établissement. Faites-le avec des amis ou des alliés. Les collègues  d'autres écoles peuvent être des oreilles attentives. Restez en contact avec eux régulièrement.
5. Documentez-vous, si vous êtes amené à rencontrer un supérieur, suite à votre révélation:
Chaque rencontre avec un administrateur doit être documentée, en plus de vos notes personnelles qui doivent exhaustivement passer en revue tout ce qui peut vous  arriver.
Pensez dans une lettre  de confirmation à votre chef d'établissement à le  remercier pour la réunion quels que soient les résultats que vous obtiendrez. Soyez diplomate, et ferme grâce à une documentation précise sur vos droits.
Assurez vous  une communication  claire et que soit consigné par écrit l'objet de votre rencontre et
l'accord trouvé avec votre supérieur hiérarchique. Car si une solution favorable vous est offerte, en cas de mobilité de vos supérieurs ou de vous-même , il importe que l'on ne revienne plus sur ce qui fût décidé. C'est ainsi favoriser l'honnêteté et la continuité dans votre établissement scolaire.
Les documents qui peuvent être nécessaires pour défendre votre coming-out sont les suivants:
-le courrier de Ségolène Royal, ex-ministre déléguée à l'enseignement scolaire, j'y vais
-les courriers de soutien  des syndicats d'enseignants adressé à l'asso Aglaé, génitrice de Homoedu Collectif, j'y vais
-les textes relatifs au droit du travail, j'y vais
-les textes relatifs à la non-discrimination des employés homosexuels, j'y vais.

N'oubliez pas de communiquez vos difficultés, les copies de vos rapports et courriers à vos syndicats habituels, et par courriel à HomoEdu collectif.

Pour conclure: si ces premiers pas vers son "coming out" en milieu scolaire semblent assez simples, surtout, ne vous précipitez pas. Construisez soigneusement votre révélation, parlez en autour de vous. Servez-vous de nos quelques petites idées, faites-nous connaître votre vécu de coming-out, et vos remarques pour étoffer nos conseils précédents. Internet, c'est l'interactivité!
Sachez enfin qu'il existe des coming-out heureux (même si nos pages de témoignages de  profs gais et lesbiennes ne sont guère "roses") Un livre sur des profs homos reconnus, également heureux dans leur métier et vie sentimentale est à écrire... pour se donner du courage. Que vos craintes ne l'emportent pas sur vos désirs d'être soi-même. Les remords sont souvent ce qu'il y a de pire. Sachez cependant, que nous, profs homos, ne condamnerons pas votre refus de coming-out en milieu éducatif... Nous savons les enjeux, et les épreuves. Et nous ne pouvons pas vous garantir le résultat de votre coming-out, même si vous suivez à la lettre nos petits conseils.
Trouvez votre équilibre. N'hésitez pas à nous écrire ou téléphoner



QUATRE REGLES POUR EDUCATEURS GAIS, LESBIENNES,  ET BISEXUEL-LE-S: DROITS, RESSOURCES, RESPONSABILITÉS, RÉSOLUTION
Article traduit et remanié des travaux de Pat Griffin, Université du Massachusetts à Amherst
Cet article fait partie des pages ressources du GLSEN</pages/sections/library/athletics>

DROITS , les faire valoir
Connaissez vos droits. Avant que vous n'ayez des problèmes trop graves, recherchez quelles sont vos protections légales devant le harcèlement ou la discrimination à cause de votre orientation sexuelle.
Votre contrat en secteur privé ou votre statut de fonctionnaire n' interdit-il pas la discrimination basée sur l'orientation sexuelle ?Avez-vous les textes ? Procurez-vous les auprès des syndicats, de votre administration ou d'associations homosexuelles. Jusqu'en quelle mesure êtes-vous protégés par ces lois? Pouvez-vous prouver le harcèlement moral ou la discrimination subie ( témoignages de collègues, traces écrites...)? Prenez un rendez-vous auprès de la personne qui vous attaque et demandez lui des explications. Faites vous toujours accompagné par un allier à vous, exigez le. Sinon saisissez votre syndicat au nom de l'équité. Existe t-il des textes, des discours, des pratiques au sein de votre établissement scolaire incluant une politique (pour les profs comme les élèves ) de non-discrimination (racisme, sexisme...) qui inclut l'orientation sexuelle (explicitement ou implicitement...) ? Si oui, cela servira votre argumentaire.
Avez-vous été témoin avec d'autres de discours de "haine" à l'encontre des différences individuelles de la part d'un des dirigeants de la communauté éducative?

RESSOURCES, en vue d'obtenir un arrangement:
Recherchez quelles ressources disponibles vous avez si vous croyez que vous êtes discriminé ou harcelé à cause de votre orientation sexuelle.
Sur quels collègues et parents pouvez-vous compter pour appuyer votre défense? Comment demander une aide, lancer un réseau de soutien via l'école, la famille, les amis... Sur qui de proche pouvez-vous réellement compter?
Quel genre d'appui avez-vous auprès des syndicats et associations d'enseignants, auprès des associations homosexuelles de lutte contre l'homophobie, reconnue par les pouvoirs publics français? Contactez-les.
Quel gai ou lesbienne d'une organisation  légale ( voire un avocat) peut vous accompagner dans votre démarche de réhabilitation? ( Centres Gai et Lesbien,  SOS Homophobie, Médiateur de la République,etc)
Quels profs gais ou lesbiennes et organisations d'éducateurs homos peuvent fournir l'appui et l'information nécessaires? ( Centre Gay et Lesbien, Collectif HomoEdu, SOS Homophobie,etc)

RESPONSABILITÉS, à mettre dans votre "dossier de défense" que vous vous constituez
Soyez clair concernant vos responsabilités afin de maintenir votre bonne réputation professionnelle.
Reprenez  tous les rapports, toutes les évaluations formelles de votre enseignement , tous les documents valorisants l'exercice de votre métier.
Collectionnez tous les remerciements , les lettres d'appréciation de parents, des collègues, des administrateurs, des étudiants qui vous sont favorables.
Glissez dans votre "dossier défense" les rapports sur votre participation aux conférences professionnelles et d'autres activités de développement professionnels.
Prouvez que vous entretenez des relations cordiales, voire amicales mais professionnelles avec des étudiants ou des collègues.
Effectuez toutes vos responsabilités professionnelles aussi bien que vous pouvez.
Entretenez de bons rapports de travail avec les administrateurs, les collègues, les étudiants et les parents, même au coeur de la "tourmente". Demeurez aimable et cordial même avec ceux qui s'oppose à vous. Mettez toutes les chances de votre côté. Ne répondez pas à des provocations, la réponse à votre discrimination sera INSTITUTIONNELLE, non pas des règlements de compte entre deux couloirs...

RÉSOLUTION, tenez bon, pas de crainte...
Croyez en votre bon droit. Croyez en votre bon droit d'enseigner. Croyez en votre bon droit d'être aussi ouvert au sujet de votre orientation sexuelle que vos collègues hétérosexuels le sont.Ni honte, ni dérobade sur ce que vous êtes, vous ne méritez. Ne permettez pas à d'autres de compter sur votre silence et crainte pour "étouffer" les problèmes et discriminations. Méfiez vous des soutiens pervers qui n'ont d'autres buts que de vous enfermer dans une logique de silence et de marginalisation, isolement.
Apprenez à comprendre et changer ce que vous avez intériorisé comme sentiments négatifs sur votre homosexualité, chassez toute tentation d'autodépréciation . Vous êtes gai ou lesbienne, bisexuel,le: dites vous que méritez mieux que votre situation discriminatoire!
Apprenez à différencier des situations dans lesquelles votre propre crainte est un obstacle de plus dans des situations qui sont authentiquement risquées.
Attendez-vous à ce que des alliés hétérosexuels soient publiquement contre l'homophobie, mais pas nécessairement en accord avec votre visibilité personnelle dans leur établissement scolaire.Cela les dérangeant.
Parlez de lutte contre l' homophobie dans votre école, avec votre équipe, ou dans votre salle de classe.
Demandez que tous les enseignants, tous les éducateurs et administrateurs reçoivent une formation anti-homophobe.Voyez le programme proposé par notre partenaire Lambda Education, section atelier.
Vérifiez que la bibliothèque possède un bon matériel de référence pour des adultes et des étudiants au sujet des questions homosexuelles.Faites votre coming-out chaque fois que vous le pouvez, le silence ne vous protégera pas et peut être aussi employé contre vous.
Si on vous harcèle ou discrimine à cause de votre orientation sexuelle, brandissez  vos droits. Si vous n'avez fait rien de mal, n'acceptez pas de traitement injuste. Le traité européen d'Amsterdam de 1997 est également censé vous protéger.



AU SUJET DU HARCELEMENT EN MILIEU SCOLAIRE:

Le harcèlement, c' est d'abord une violence d'un genre particulier. une violence morale commise par un agresseur sur la victime qu'il s'est choisie. Dans «le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien », le docteur Marie-France HIRIGOYEN en donne la défi­nition suivante: «toute conduite abusive qui se manifeste notamment par des comportements, des paroles, des actes, des gestes, des écrits pouvant porter atteinte à la personnalité, à la dignité ou à l'intégnté physique ou psychique d'une personne... Ce peut être n'importe qui : un collègue, un supérieur hiérarchique, un subordonné, un élève, ou plus fréquemment encore pour ce qui nous concerne, des parents d'élèves. Les techniques du harcèlement moral sont assez subtiles, sophistiquées et requièrent beaucoup de temps dans leur application. C'est surtout le fait -disons-le- de personnes qui disposent de nombreux loisirs.

Dans l'ouvrage précité, l'auteur énumère les moyens utilisés par l'agresseur refuser la communication directe, la disqualifier, discréditer la victime,  l'isoler, la briser, la pousser à la faute par d'incessantes provocations, etc...

Les techniques utilisées par l'agresseur montrent assez sa perversité, ses discours comme ses écrits montrent qu'il a une très haute opinion de sa personne et a besoin de se valoriser aux yeux des autres. Ses propos sont en général assez éloignés de la réalité : les mensonges ne le gênent pas puisqu'ils servent son projet. Pour lui, le monde est simple : d'abord il y a lui, puis tous les autres qu'il méprise. S'il n'est pas tout à fait privé de son bon sens, il est totalement dépourvu de scrupules, de sens moral. Ils sont d'une robuste simplicité  démolir, anéantir sa ou ses victimes pour prouver aux autres comme à  lui-même qu'il est le plus fort, le plus habile, en un mot : le meilleur. Pour la victime les conséquences sont toujours très graves elles sont précisément décrites dans l'étude du Docteur HOREN­STEIN. Il est toutefois possible d'éviter d'en arriver là. Il faut savoir reconnaître l'agresseur et ses techniques. L'aspect répétitif des insinuations, des paroles aigres-douces, des airs méprisants est un premier indice. le besoin de se mettre en avant à tout propos et hors de propos en est un second. L'agressivité à peine déguisée en est un autre.

Il est vain d'espérer désarmer l'agresseur par la gentillesse et la conciliation. Il a un projet et il s'y tient. Lui tenir tête ouvertement ne fait qu'aggraver et précipiter les choses. A l'opposé, la pire réponse serait le silence et le repli sur soi. C'est pourquoi il est bon d'attirer l'attention des collègues sur le caractère répétitif de comportements d'apparence anodine. Il est également souhaitable de noter les faits et les circonstances, de conserver les écrits, de recueillir les témoignages. Il est enfin recommandé de saisir l'Autonome de Solidarité, un cabinet d'avocat spécialisé, un avocat dès que les faits confirment bien le harcèlement. Une souffrance partagée devient tout de suite plus supportable.

Les faits, même s'ils confirment une situation de harcèlement moral, ne donnent qu'exceptionnellement la possibilité de poursuites judiciaires. Une lettre comminatoire de
l' avocat  permet le plus souvent de mettre fin à ces situations douloureuses...

CONSEIL DE LECTURE: "Le harcèlement moral" de Marie-France Hirigoyen
aux éditions Pocket  (Marie-France Hirigoyen est psychiatre, psychanalyste, psychothérapeute familial et victimologue)
--Le harcèlement moral, la violence perverse au quotidien, Marie-France Hirigoyen, éditions Syros, 1998
Les pratiques du harcèlement en milieu éducatif, publié sous la direction du Dr Horenstein, collection
MGEN, 1998





A LIRE EN ANGLAIS:
une vie de prof homo en France, page de témoignages





EN RESUME:
La "sortie du placard" est une décision personnelle et individuelle. Mais rester dans les placards tout en s'engageant dans un mouvement revendicatif homo peut décribiliser et compromettre la capacité à partager honnêtement avec les jeunes homos et vos pairs. Quelqu'un de moins "frileux" peut davantage satisfaire dans ce genre de travail... La sortie du placard est une chose effrayante pour beaucoup de profs, ils justifient leurs réponses par la crainte de représailles de la part des parents d'élèves et de l'administration scolaire. Cependant d'autres professeurs avouent avoir trouvé plus d'aide qu'ils n'avaient imaginé...
-quel sens mon coming out revêt-il vraiment pour moi? pourquoi est-ce que je veux le faire?
-comment les gens vont-il réagir à mon coming out?
-qu'est-ce qui peut m'arriver dans mon environnement personnel et professionnel?
-qu'est ce que je peux répondre à diverses objections sur le fait d'être "out", sur la nature de mon homosexualité?
-qu'est ce que je suis prêt à défendre à tout prix?
-qu'est-ce que je peux perdre?
-quel réseau de soutien amical ou d'entraide professionnel puis-je mettre en place?
-sur quels alliés puis-je compter dans mon environnement professionnel? dans ma famille?
-comment peuvent-ils intervenir le cas échéant?
-de quelles informations ai-je besoin pour m'expliquer?
Et encore d'autres questions, qui peuvent s'enchaîner les unes aux autres, et qui vous viendront à l'esprit.
Avant toute décision, voici les questions auxquelles il convient de répondre avec honnêteté. C'est à vous de dénouer votre fil d'ariane...


TEMOIGNAGE DERNIERE MINUTE: Sujet :Prof des écoles stagiaire & gay
Date :19/04/2001 22:34:50 Paris, Madrid (heure d'été)
De :XXXX A :Homoedu

Je me décide enfin à vous écrire, après avoir croisé votre nom trop souvent... je dis trop car c'est la preuve d'une angoisse trop présente en moi. J'ai 23 ans, je suis gay depuis toujours, sorti du placard depuis 5 ans auprès de ma famille, de mes amis, et de quelques stagiaires de l'IUFM. Tout se passe bien, vraiment !
Le problème vient de l'avenir, de mes incertitudes en ce qu'il me réserve. Car j'ai réellement peur, aujourd'hui, de voir débouler dans ma classe la suspicion de parents d'élèves dont je sais quelle force et quelle influence ils peuvent avoir en collectif. Je n'ai qu'une crainte en fait: être assimilé à un pédophile, moi qui travaille avec les enfants. Même si encore célibataire, je ne veux pas non plus vivre caché. Je suis homo, assumé, et je revendique le droit à la vie normale. Alors comment faire? vaut-il mieux vivre terré en attendant le jour où on saura. Vaut-il mieux tout révéler, quitte à créer le scandale de l'année ou du siècle s'il s'agit d'un petit village ?
Quelles réponses pouvez-vous me donner?

Bonjour, merci pour l'intérêt porté à Homoedu... et désolé pour cette réponse un peu tardive.
Il est très difficile de conseiller avec "une formule en kit", chaque cas est particulier. Cela dépend de votre environnement familial, de l'école et des collègues, de l'environnement professionnel et de vous: votre confiance, votre force personnelle... Vous avez raison de vous assumer dans votre environnement personnel, c'est une vraie force et le soutien de vos proches que vous avez ainsi acquis. Par contre un "coming-out" en milieu professionnel n'est jamais une mince affaire, d'autant qu'il serait régulièrement à refaire chaque année si vous changez régulièrement d'école, et il ne paraît pas vraiment indiqué de dire à chaque rentrée scolaire: "bonjour je m'appelle un tel et je suis gay!" Ca peut étonner et puis vous n'êtes pas seulement gay, votre personnalité est aussi constitutive de mille autre choses que vos collègues découvriront. Dire je suis gay à l'école nécessite d'avoir des "alliés" , des personnes qui puissent agir , vous aider si cette révélation pose des problèmes. Le dire à ses collègues vaut autant que de partager des repas en entendant vos collègues féminines parler de leur week-end avec leur mari ou les petits tracas que leur posent leur gamin. Vous avez le droit de parler, vous aussi, du dernier film que vous êtes allé voir avec... votre petit ami.
Par contre, votre sexualité ne regarde pas les parents d'élèves, vous ne vous interessez pas à la leur; et eux mêmes vivent peut-être des pratiques sexuelles proche de la votre (nous avons des témoignages!) ... et cela ne vous regarde pas non plus!
Quoiqu'il advienne, il est essentiel de bien faire comprendre (et même sans vous "révéler") que L'HOMOSEXUALITE N'EST PAS LA PEDOPHILIE, QU'ETRE GAY N'EST PAS ETRE PEDOPHILE!! On a pas le droit de vous assimiler à un pédophile parce que vous êtes gay, cela serait de la calomnie et vous pourriez vous défendre par voie de justice. Vraiment, je vous en prie, ne vous inquiétez pas, soyez vous même ( avec toutefois un style et une tenue discrète: par exemple évitez les piercings, les rainbow flag ou les très grosses boucles d'oreilles voyantes afin de ne pas inquiéter les parents). Ce qui compte pour les parents d'élèves, ce sera votre capacité à bien gérer la classe, à bien transmettre des connaissances aux enfants, à établir une relation de confiance avec eux. Si vos élèves sont satisfaits et heureux de venir en classe, il n'y a pas de doute que les parents seront reconnaissants de votre travail. Et puis pensez au PACS qui a légalisé les couples homosexuels, et les couples d'enseignants homosexuels, qui peuvent désormais muter ensemble. Au fait, accuse t-on le nouveau maire de Paris Bertrand Delanoé d'être un pédophile? Pédé ou gay: oui, capable de remporter un victoire électorale: absolument, pédophile: non. Les personnages publics comme lui qui ont révélé leur homosexualité offrent des possibilités d'identification très positives...
Bon courage. A+ (tenez nous au courant)
Philippe/HomoEdu


A SUIVRE....